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«On n’y arrivera pas sans l’hydrogène»

Dans une interview accordée à divers titres de Tamedia, Christian Bach, expert de l’Empa, explique pourquoi la transition énergétique en Suisse ne pourra aboutir d’ici 2050 sans les carburants et combustibles synthétiques.

Bach Quelle: Empa
Christian Bach explique comment fonctionne le démonstrateur de mobilité «move» de l’Empa à Dübendorf ZH. Source : Empa

Pour la transition énergétique, l’UE mise sur l’hydrogène. Elle entend ainsi remplir les objectifs climatiques de l’accord de Paris et atteindre une décarbonisation d’ici 2050. La Suisse elle aussi souhaite participer à ce «pacte vert» et demande à la Commission européenne, avec six autres États de l’UE, d’établir une feuille de route concernant l’utilisation de l’hydrogène. Divers projets ont d’ores et déjà vu le jour en Suisse. À l’instar du constructeur coréen Hyundai qui, avec l’association H2 Energy, veut lancer sur les routes de Suisse pas moins de 1600 poids lourds équipés de piles à combustible. Et avec le démonstrateur de mobilité «move», le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) étudie depuis quelques années les possibilités de sortir des énergies fossiles dans le domaine de la mobilité.

Parallèlement à l’électromobilité, les chercheurs de l’Empa se sont concentrés sur la mobilité à l’hydrogène. Ils ont construit à Dübendorf (ZH) la première station-service à hydrogène de Suisse. Ils veulent maintenant passer à l’étape suivante sur la voie de la décarbonisation, et se pencher sur le processus dit de méthanisation, également appelé technologie «Power-to-Gas». L’hydrogène obtenu à partir de l’électricité renouvelable est ainsi converti en méthane synthétique avec le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère. Parallèlement au biogaz, fabriqué à partir de déchets de matières premières organiques, ce gaz intéresse actuellement tout particulièrement les chercheurs.

Wasserstoff Quelle: Hyundai
Une voiture à pile à combustible sera ravitaillée en hydrogène à la station-service de l’Empa. Source : Hyundai

Lors d’une interview avec divers titres de Tamedia, Christian Bach, spécialiste renommé de la recherche sur la motorisation de l’Empa, explique: «Nous devons considérer le système d’approvisionnement énergétique du futur comme un tout englobant la production d’électricité et de chaleur, mais aussi la mobilité. À priori, cela ne se fera pas sans les technologies à base d’hydrogène.» Il attire également l’attention sur la problématique selon laquelle l’offre et la demande en matière d’électricité doivent être équilibrées non pas sur l’année, mais à tout moment: «Même si l’on tient compte des capacités de stockage nécessaires, nous aurons provisoirement, durant le semestre d’été, de grandes quantités d’électricité renouvelable en excédent.» Les centrales de pompage-turbinage offrent actuellement une capacité de stockage d’environ 300 gigawattheures (GWh). Mais c’est insuffisant. Même si l’on développe encore le photovoltaïque, il faudrait selon Christian Bach des capacités de stockage supplémentaires de l’ordre de 60 à 100 GWh rien que pour pouvoir assurer l’équilibre jour / nuit sur plusieurs semaines pendant le semestre d’été.

Et même si l’on utilise à l’avenir des batteries de stockage stationnaires ou les batteries de voitures électriques parquées, il restera toujours de grandes quantités d’électricité excédentaire en été: «L’hydrogène est une possibilité d’utiliser cette électricité. Par la conversion en agent énergétique chimique, l’électricité renouvelable peut être transférée dans d’autres secteurs énergétiques comme l’industrie ou les transports longue distance. C’est important pour atteindre les objectifs climatiques à long terme.»

Christian Bach explique en outre dans l’interview que le méthane synthétique, par exemple, qui est fabriqué «artificiellement» à partir d’hydrogène et de dioxyde de carbone (CO2), présente de grands avantages: «Il est relativement économique à transporter, car les systèmes de transport, comme les réseaux de gaz, et l’expertise existent déjà de l’ère fossile. Ces combustibles pourraient ensuite être reconvertis en électricité et chaleur dans les centrales de cogénération, par exemple en hiver.»

Bach Quelle: AGVS-Medien
Christian Bach, expert de l’Empa, explique pourquoi la révolution énergétique ne peut pas fonctionner sans hydrogène. Source : Médias UPSA

Le chef du Laboratoire Technologies de propulsion automobile de l’Empa admet cependant qu’on n’en est encore qu’au stade de développement pilote et de démonstration pour ce qui est de l’utilisation de l’hydrogène: «Pour passer à l’étape suivante, il faut que les signes du marché soient plus clairs. On en perçoit déjà quelques-uns ici et là. Mon souhait serait que les branches importatrices d’énergie s’engagent d’ici 2050 à renoncer à l’importation d’énergie fossile, même en hiver. Dans ce contexte, les technologies et modèles de marché éprouvés lors des projets pilotes et de démonstration pourraient se développer au niveau industriel et s’établir sur le marché; de manière technologiquement neutre et compétitive. Les technologies utilisant l’hydrogène auraient sans aucun doute un rôle important à jouer dans un tel scénario.» (jas, le 24 juin 2020)

Interview complète du 22 juin 2020 avec les titres de Tamedia

Tribune du 23 juin 2020 dans la NZZ

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