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La bioénergie renforce l’agriculture

En Suisse – comme l’a montré le forum Powerloop – et dans le reste de l’Europe, la bioénergie peut devenir un pilier économique important pour les agriculteurs. En effet, la biomasse contribue à la sécurité alimentaire et peut aider à atteindre les objectifs climatiques, comme le souligne Claus Sauter, expert en bioénergie et président de Verbio. Mais les coûts de production ne doivent pas être sous-estimés ; c’est pourquoi il faut des conditions cadres adaptées.

Les nouvelles installations de traitement du biogaz qui seront installées à Kvaers et Kong ressemblent à l’installation de Korskro au Danemark, livrée par Wärtsilä en 2018 et exploitée par Nature Energy. Source : Nature Energy/Claus Haagensen

Un objectif ambitieux, mais extrêmement important pour le changement climatique : 35 milliards de mètres cubes de biogaz d’ici 2030 – c’est l’objectif que s’est fixé la Commission européenne dans le plan «REPowerEU» et qui a également créé le Partenariat industriel pour le biométhane (BIP). Elle espère ainsi obtenir des avantages importants pour la sécurité énergétique de l’Europe et surtout une nette réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce au biogaz. Ce dernier, issu d’une agriculture circulaire plus respectueuse de l’environnement, fournit une énergie importante et stockable qui peut être transportée via l’infrastructure gazière existante. La seule question qui demeure est de savoir à quel prix ce biogaz est produit.

Quelle source d’énergie veut-on utiliser à l’avenir et en quelle quantité, afin de générer le moins d’émissions de CO2 possible tout en maintenant les coûts pour la population à un niveau raisonnable. Source : BP

Une nouvelle étude de la Task Force 4 se concentre désormais précisément sur ces coûts de production, car de nombreux gouvernements nationaux souhaitent connaître ces coûts afin de mieux soutenir les chaînes de production et d’approvisionnement en biogaz. Enfin, les avantages du biogaz, notamment en termes de réduction des émissions grâce à des applications finales difficilement réalisables sans gaz, ne sont pas entièrement couverts par une simple analyse des coûts de production du biogaz. Le biogaz est précieux en tant qu’énergie durable – et cela aussi a justement un prix. Ainsi, en 2021, le coût de la production européenne de biogaz était de 87 euros/MWh pour les producteurs d’environ 540 Nm3/h et de seulement 54 euros/MWh pour les producteurs de plus de 1200 Nm3/h. Les économies d’échelle sont très marquées dans la production de biogaz ; les grands producteurs peuvent déjà travailler en partie de manière compétitive.

Le petit Danemark fait partie des plus grands producteurs de biogaz d’Europe, derrière l’Allemagne et la France, notamment grâce à de grandes installations de biogaz comme ici à Korskro. Source : Nature Energy

La production de biogaz reste toutefois chère en moyenne. Il est néanmoins important de promouvoir les petites installations de biogaz décentralisées. En effet, non seulement le petit bétail fait aussi du fumier, mais chaque tas de fumier utilisé peut contribuer à réduire les émissions de CO2 – comme cela a été démontré de manière impressionnante lors du forum Powerloop 2023 à Burgdorf BE. La bioénergie peut devenir un pilier important – et économique – des agriculteurs dans toute l’Europe. Claus Sauter, expert allemand en bioénergie et président de Verbio, en est également convaincu.

VerbioA partir de quatre balles de paille, Verbio produit la quantité de biogaz qui permet à une voiture GNC de parcourir environ 11’500 kilomètres sans émettre de CO2. Source : Verbio

L’année 2023 a certes été marquée par des pertes de récoltes, des baisses de qualité dues aux conditions météorologiques et des coûts énergétiques élevés. Ce qui ressemble à une crise n’en est pourtant pas une. En effet, ce qui n’est pas bon pour l’alimentation humaine ou animale peut tout de même être transformé en Allemagne. Par exemple dans les bioraffineries, dans lesquelles chaque qualité de récolte peut être transformée en énergie respectueuse du climat et en produits de haute qualité pour l’alimentation humaine et animale. Cela garantit aux agriculteurs des revenus même en période difficile. Claus Sauter, président de Verbio, et Dirk Köckler, président du conseil d’administration de l’une des principales coopératives agricoles d’Allemagne, parlent de l’interaction intelligente entre la bioénergie et l’agriculture dans le dernier podcast #strohlug.

Claus Sauter, fondateur & président du conseil d’administration de Verbio AG, veut approvisionner en énergie verte le secteur des transports et les industries à forte consommation d’énergie et à fortes émissions comme la chimie, la sidérurgie et l’industrie du ciment. Source : Verbio – David Pinzer

«L’agriculteur est le nourricier de la société. S’il ne peut pas fournir les qualités de produits correspondantes, il faut lui donner un outlet pour cela aussi», explique le patron de Verbio, M. Sauter. C’est pourquoi son entreprise offre aux agriculteurs une source de revenus supplémentaire en leur achetant des résidus de paille. À partir de cette paille, Verbio produit du biogaz respectueux du climat pour diverses applications dans la mobilité et l’industrie, ainsi que des engrais humiques pour l’agriculture. Parallèlement, cette utilisation permet d’éviter les émissions nocives pour le climat qui seraient libérées lors de la décomposition naturelle de la paille dans les champs.

En plus de la culture sur 20 hectares de surface utile, les familles Aeberhardt et Savary possèdent également une étable à stabulation libre ultramoderne pour 70 vaches Red Holstein et Holstein et bientôt, la communauté agricole fournira même de l’électricité, de la chaleur et du biogaz – tous des agents énergétiques issus d’une source durable. Source : CNG-Mobility.ch

Sauter s’insurge surtout contre le débat persistant sur le «réservoir ou assiette» : «Ce débat est erroné et nous nuit dans la réalisation des objectifs de protection du climat». Le conflit d’objectifs : d’un côté, les matières premières fossiles doivent être remplacées, de l’autre, les produits durables comme la biomasse ou le biocarburant ne sont pas pris en compte par la politique, voire sont empêchés. De plus, les matières premières destinées à la propulsion respectueuse du climat ne devraient correspondre qu’à des qualités qui ne sont pas utilisées dans le domaine de l’alimentation humaine ou animale. C’est pourquoi aucune plante utile n’est cultivée en Suisse pour la production de biogaz.

Des coûts modérés et de faibles émissions encouragent les entreprises scandinaves à utiliser le biogaz pour le transport. Source : Arla Foods

Les biocarburants auraient toutefois un grand potentiel et peuvent également être mélangés à l’essence et au diesel. «Depuis 2015, environ 80 millions de tonnes de CO2 ont ainsi pu être économisées», explique Sauter. Il demande donc aux politiques d’exploiter toutes les possibilités et technologies pour atteindre les objectifs climatiques dans le secteur des transports. «Nous pourrions faire plus dans les transports, et pas seulement avec l’électricité. Nous avons besoin de carburants synthétiques et biogènes», souligne-t-il. «Dans le domaine des poids lourds, l’e-mobilité n’en est qu’à ses débuts. Nous avons d’autant plus besoin ici de faire accepter les carburants synthétiques et biogènes». (jas, 16 novembre 2023)

Biomasse SuisseUne des quelque 120 installations de biogaz agricoles et 29 installations de biogaz industrielles qui fermentent les déchets verts en Suisse. Source : Biomasse Suisse

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