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Le gaz, une partie de la solution

Hans Wach est l’une des personnes qui a marqué la mobilité au GNC en Suisse. Grâce à lui, ce type de motorisation plus respectueuse du climat, qui permet une mobilité presque neutre en CO2 grâce au biogaz, a fait son entrée dans notre pays. Après plus de 20 ans à la tête de Gasverbund Mittelland AG (abrégé GVM), il a pris sa retraite. CNG-mobility.ch en a profité pour jeter un regard tant sur le passé que vers l’avenir lors d’un entretien avec cet adepte de voile et promoteur de la mobilité au GNC.

Amag Coca-ColaEn Suisse, Coca-Cola mise sur l’une des plus grandes flottes de voitures de tourisme fonctionnant au GNC. Source : Amag/Coca-Cola

«Nous ne vendons presque plus de voitures au GNC en Suisse, c’est vrai», admet Hans Wach, l’ancien directeur de Gasverbund Mittelland AG, au début de l’entretien, avant de s’empresser de préciser: «Mais c’est uniquement dû au fait que les véhicules au GNC ne sont pas proposés ou ne peuvent pas être livrés. Si l’on vantait leurs mérites comme on communique sur les autres véhicules et motorisations, les choses seraient différentes». Le promoteur du GNC de la première heure et cofondateur de gazmobile SA sait de quoi il parle: pendant plus de 20 ans, il a fait la promotion de cette technologie plus respectueuse du climat, qui permet de rouler avec un bilan carbone proche de la neutralité grâce au biogaz.

Hans Wach estime que proposer une motorisation GNC sur les modèles de grande série les plus courants de voitures et de véhicules utilitaires légers pourrait donner aujourd’hui un nouvel élan à la mobilité au GNC en Suisse. «Cette offre devrait toutefois être faite en même temps que les autres types de motorisation lors du changement de modèle. Si l’on faisait également un peu de publicité, la mobilité au GNC aurait de bonnes chances, car la technologie est mature et fiable, tout comme les voitures», ajoute-t-il. «Mais les importateurs veulent maintenant vendre des véhicules électriques. Ceux-ci sont considérés comme ayant une valeur de CO2 nulle dans le bilan de la flotte, même s’il s’agit d’un euphémisme.» Les importateurs devraient d’ores et déjà s’acquitter d’amendes massives, c’est pourquoi une voiture électrique émettant 0 g de CO2 est préférée, voire presque indispensable pour eux.

La mine de charbon polonaise de Jastrzębska Spółka Węglowa S.A. Source : Dawid Lach

«C’est le facteur décisif en faveur de l’électromobilité. À l’inverse, les modèles GNC doivent afficher des valeurs réelles de CO2», souligne Wach. «En effet, la nature ne fait pas de bilan CO2 de la batterie à la roue, mais bien de la fabrication jusqu’à l’élimination (”cradle to grave”, du berceau à la tombe). Ainsi, si l’on prend en compte l’extraction des matières premières, la fabrication, l’utilisation et l’élimination, la voiture électrique n’est pas meilleure qu’un véhicule au biogaz.» C’est ce que montrent des études de l’Empa et de l’Institut Paul Scherrer. Si les véhicules utilisaient des agents énergétiques renouvelables, ce qui est possible tant pour le gaz que pour l’électricité, ils seraient à peu près au même niveau en termes de bilan d’émissions. «Les deux se situent autour de 30 à 40 g de CO2/km; il est presque impossible de descendre en dessous. Cependant, la politique surfe maintenant sur la vague de l’électrique et l’UE va probablement continuer sur cette voie, même si elle semble maintenant accepter les e-carburants», explique le directeur de longue date de GVM. «Tout est beaucoup plus simple pour l’électrique. En Pologne, même une voiture électrique dont il est prouvé qu’elle roule à 80 % avec de l’électricité issue du charbon est considérée comme émettant 0 g de CO2

Hans Wach dans son bureau chez Gasverbund Mittelland AG à Arlesheim. Source. CNG-Mobility.ch

Même si H. Wach entrevoit actuellement un avenir sombre pour les voitures de tourisme à moteur GNC, il garde espoir en ce qui concerne la mobilité au GNC et au biogaz. «Les utilitaires, surtout les véhicules lourds, représentent une opportunité pour nous. En effet, la propulsion électrique est plus complexe pour ceux-ci, que ce soit en termes de taille et de poids de la batterie ou d’exigences en matière d’infrastructure de recharge.» Un camion au GNC ou GNL a donc du potentiel. Même le groupe VW l’a constaté, notamment en ce qui concerne l’utilisation de biogaz ou de biogaz liquéfié (BGL). Le transport de marchandises est également intéressant pour les fournisseurs de gaz, car un camion consomme à peu près la même quantité de gaz que douze maisons individuelles. «On constate une évolution positive en faveur de la mobilité au GNC dans ce domaine. Ainsi, par exemple, les cinq camions de Migros Bâle font le plein avec 100 % de biogaz chez nous. C’est un véritable progrès!»

Un chauffeur de Migros Bâle fait le plein de biogaz, roule ainsi de manière presque neutre en CO2 et contribue à boucler les cycles. Source : CNG-Mobility.ch

Hans Wach explique: «Il est important à présent d’investir dans la production suisse de biogaz afin de couvrir les besoins futurs. Dès le début de celle-ci, la mobilité s’est tenue au centre des préoccupations et a été son principal moteur. Les camions au biogaz entraîneront donc probablement une nouvelle augmentation de la production suisse de biogaz.» Le potentiel d’utilisation de la biomasse est encore loin d’être suffisamment exploité en Suisse. Telle est la conclusion d’une étude réalisée par l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), qui a estimé le potentiel durable de la biomasse (sans bois) à près de 50 billiards de joules, ce qui correspond à environ 5 à 6 térawatt-heures de biométhane traité.

Hans Wach a donné un coup de pouce et attiré beaucoup d’attention sur ce mode de propulsion respectueux du climat au Salon de l’auto de Genève grâce à la présence de modèles CNG et de concept-cars propulsés au CNG du visionnaire de l’automobile Frank M. Rinderknecht. Source : CNG-Mobility.ch

«Chez GVM, nous encourageons nos actionnaires à investir dans des installations de biogaz. En effet, devenir acteur sous l’étendard de GVM signifierait que nous investissons tous dans la production de biogaz, par le biais de la clé de répartition des actions», explique l’ancien directeur de GVM. «C’est pourquoi nous avons créé une nouvelle société, qui permet de rendre cela possible et à laquelle pourraient également se joindre d’autres bailleurs de fonds situés en dehors du secteur de distribution de GVM.» La production de biogaz suisse doit donc être stimulée, mais qu’en est-il du BGL? Après tout, le biogaz liquéfié serait particulièrement intéressant pour le trafic lourd international en raison de la plus grande autonomie qu’il offre aux camions. «À court terme, il faudrait l’importer. Le GNL renouvelable serait rapidement disponible dans les trois stations-service GNL actuelles. Un mélange est également envisageable. D’un point de vue technique, la source d’énergie n’a aucune importance pour les véhicules fonctionnant au GNL, à l’instar des voitures au GNC», déclare Hans Wach.

Biomasse qui, au lieu d’être brûlée dans une UIOM, peut encore être utilisée pour la production de biogaz. Source. CNG-Mobility.ch

«Mais la liquéfaction du biogaz est certainement aussi un sujet d’actualité pour la Suisse. Toute la biomasse n’est pas produite à une distance raisonnable du réseau de gaz. La liquéfaction du biogaz serait une solution intéressante, surtout pour les installations autonomes ne disposant pas de raccordement au réseau. Cela pourrait parfaitement être combiné avec le traitement du biogaz brut», explique l’expert. En effet, le CO2 liquide ainsi obtenu pourrait au moins être utilisé comme refroidisseur ou matière première, par exemple pour les carburants synthétiques. H. Wach ajoute avec un sourire évocateur: «C’est tout à fait faisable, mais il faut le vouloir. Or nous avons actuellement en Suisse des responsables politiques qui pensent que tout peut être résolu et mis en œuvre grâce à l’électrification. Malheureusement, ils considèrent toujours le gaz comme faisant partie du problème et non de la solution».

Dans la région Ara de Berne, le CO2 déjà obtenu lors de la production de biogaz est capté pour être transformé dans le domaine de la construction. Source : CNG-Mobility.ch

Le spécialiste en énergie ne voit toutefois pas comment l’électricité renouvelable à elle seule pourrait résoudre le problème du manque d’électricité en hiver. «Pendant la phase de transition, le gaz fossile sera encore nécessaire, puis sera de plus en plus remplacé par du gaz renouvelable, dont notamment du biogaz», affirme Hans Wach avec conviction. Il cite l’exemple du Danemark, où cela a déjà été constaté: «Là-bas, la production de biogaz est passée en six ou sept ans de pratiquement zéro à cinq térawatt-heures et demi, principalement à partir de déchets agricoles. Tout cela n’est certes pas simple à mettre en place, mais en Suisse aussi, on ne pourra pas éviter d’investir dans la production de biogaz et de la promouvoir». (jas, 18 janvier 2022)

Lisez aussi la première partie de l’entretien avec Hans Wach «Pleins gaz avec Rinspeed».

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